Dans ce bouquin, Dan Simmons a transformé une mission scientifique en une histoire d’horreur. Les forces de la nature deviennent soudainement hostiles aux humains. Tout est basé sur le désastre de l’expédition polaire de Sir John Franklin débutant en 1845. Les navires à voiles HMS Terror et HMS Erebus resteront coincés dans les glaces des îles de l’Arctique canadien, malgré une propulsion peu efficace au charbon. La recherche du passage du Nord-Ouest fera place à une lutte pour la survie des 129 membres de l’équipage. L’histoire incomplète de cette expédition fait toujours l’objet de recherches archéologiques, à notre époque.
Dans Terreur, l’auteur réinvente cette histoire et lui donne une fin. Les 3 personnages principaux sont le capitaine Franklin (Erebus), le capitaine Crozier (Terror) et le docteur Goodsir. Dans les 150 premières pages, il installe son histoire avec un déluge d’exagérations qui m’ont presque fait décrocher de cette littérature fantastique. Que penser du froid qui fait éclater les dents dans la bouche ? Depuis quand les pingouins sont-ils présents dans le Grand Nord canadien? S’il y a des rats à fond de cale, pourquoi sont-ils 100,000 rongeurs? Comment croire à des orages électriques, à -20°C, dont les éclairs s’acharnent sur les boîtes de conserve de l’équipage, les faisant exploser, en répandant la viande avariée sur la banquise?
Le volet mystique est aussi présent avec les aurores boréales qui sont des esprits. Une jeune Inuit muette (Lady Silence), qui telle la sirène des légendes maritimes, est aussi attrayante sexuellement que dangereuse pour l’équipage. Cette nomade ajoutera un volet érotique à ce roman. Que penser de cette divinité vengeresse qui se transforme en ours polaire surdimensionné qui n’a rien d’autre dans la tête que l’idée de tous les tuer, en s’emparant de leurs âmes? Heureusement que les 900 autres pages sont plus réalistes. Elles conservent l’attention du lecteur avec un suspense rendant difficile de mettre ce livre de côté. Si l’horreur s’ajoute au naturel et au surnaturel, l’érotisme s’ajoute à l’ésotérisme dans cette brique qui ne manque pas d’intérêt.
La nature est impitoyable et les hommes sont handicapés par le froid, la malnutrition, et la maladie. Ils sont souvent aveuglés par le soleil, la nuit polaire, la poudrerie et le brouillard. Difficile de s’orienter sur la banquise ou de voir venir le danger dans de telles conditions. Si l’homosexualité représente un fléau dans cette expédition, le cannibalisme en représente un autre lorsque les vivres manqueront. C’est très bien écrit et je suis convaincu que de nombreux jeunes, et moins jeunes, raffoleront de cette histoire d’horreur arctique. Terreur est facile à lire en étant divisé en 67 chapitres. Il y a aussi 2 croquis géographiques aidant à nous localiser. 1056 pages.
TITRE : Terreur AUTEUR : Dan Simmons ÉDITEUR : Pocket