Ce roman est un vrai bijou. Je ne connaissais pas cet auteur russe Mikhaïl Boulgakov (1891-1940). Il aurait travaillé sur Le Maître et Marguerite durant 12 longues années, tout en étant convaincu de ne jamais pouvoir le faire publier sous le régime soviétique. La censure stalinienne exerçait un effet dissuasif sur toute forme de dissidence. C’est considéré comme le chef-d’oeuvre de Boulgakov et il sera publié 20 ans après sa mort. Ce roman de littérature fantastique est satirique en ce qui touche la société et la politique. L’auteur touchait aussi au théâtre. Tout cela influence le contenu de ce roman.
Il y a beaucoup de personnages avec des noms russes : cela devient mêlant. Le plus gros de l’action se déroule à Moscou. Le Massolit est une association littéraire moscovite où plusieurs intellectuels ont droit à du luxe. Le Théâtre des Variétés sera l’endroit où un spectacle de magie noire aura lieu. Ces 2 endroits culturels seront l’objet d’une série de phénomènes plus étranges les uns que les autres. Le magicien (Woland) et sa suite (Azazello, Koroviev, Béhémoth, Hella) se révèleront être sataniques, comme les 2000 spectateurs le constateront.
Si faire bouger des objets à distance est une baliverne, ces suppôts de Satan peuvent aussi voyager dans le temps puisqu’ils sont immortels. L’époque de Ponce Pilate et de la crucifixion du Messie prend aussi de l’importance dans ce roman qui nous fait passer du Proche-Orient à l’Europe de l’Est, à 2000 ans d’intervalle. Les péripéties dans ce roman sont indescriptibles. Pensons à de l’argent qui tombe du plafond, à un employé décapité qui aura sa tête recollée, à une épouse qui voyagera nue sur un balai comme une sorcière, des administrateurs qui disparaissent, etc.
Les hôpitaux psychiatriques seront bien occupés suite à ces évènements, tout comme la milice qui fait respecter l’ordre établi. Ces suppôts de Satan semblent sympathiques dans ce roman, s’opposant mollement aux forces du bien. C’est un livre que je peux recommander à tous, car il est admirablement bien écrit. Difficile de le mettre de côté : c’est un vrai «page turner». Un seul point négatif à signaler : rendu à la page 628, les dernières pages se sont décollées de la reliure, ce qui n’est pas fréquent. J’en ai déduit que c’était un mauvais sort que m’avait jeté le chat satanique Béhémoth. 658 pages.
TITRE: Le Maître et Marguerite AUTEUR: Mikhaïl Boulgakov ÉDITEUR: Robert Laffont